Interview de Pierre Pevel / par Orfilinn
Bonjour, Pierre Pevel ! Après le Cycle de Wielstadt, Ambremer et Les Lames du cardinal, voici une nouvelle saga, le Cycle du Haut-royaume, dont le premier tome, Le Chevalier, est sorti le 26 avril. Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet ?
C’est un vieux projet, que j’ai tardé à mettre en forme. Je tourne autour depuis plusieurs années. Je m’y suis sérieusement attelé en 2010. Je crois que j’attendais, plus ou moins consciemment, d’avoir les épaules assez larges pour m’y mettre.
Contrairement à la plupart de vos ouvrages précédents, celui-ci ne prend pas ancrage dans une période historique réelle, mais dans un monde imaginaire. Une envie de sortir des contraintes et de permettre plus de fantaisie (ou de fantasy ;o) ) ?
L’envie d’avoir un monde à moi, dont je puisse faire ce que je veux. Et dont je puisse écrire la grande Histoire, pas seulement la petite.
Vous avez dit : « Pour moi le dragon est ce qu’est l’ail à la cuisine méditerranéenne : j’en mets partout ». Est-ce que le Haut-royaume confirme vos dires ?
Absolument ! Les dragons sont présents dans HR. Mais sous une forme inédite pour moi.
Combien de volumes avez-vous prévu pour Haut-royaume ?
Je n’ai pas un nombre de volumes précis en tête. Je sais que j’ai beaucoup de chose à raconter. Les volumes se suivront tant que ça durera. Voilà pourquoi HR est annoncé comme une beaucoulogie.
Stéphane Marsan, directeur des publications chez Bragelonne, a dit récemment : « Pierre a, de livre en livre, marié avec bonheur les effets spéciaux de la Fantasy à l’authenticité scrupuleuse d’une toile de fond historique. Avec Haut-Royaume, il échappe à notre Histoire pour en forger une autre, et il l’anime avec un souffle, une puissance dramatique, une richesse, une intensité et une vérité humaine qu’il n’avait jamais déployés jusqu’ici. J’ai lancé l’école de la Fantasy française en 1995 et je peux dire la main sur le cœur que j’attendais ce roman depuis toujours ».
Ce commentaire élogieux doit vous faire plaisir ! Comment s’est construit le lien avec Stéphane sur ce projet ? Ou autrement dit : lors de l’élaboration d’un cycle, comment se passe la relation entre Pierre Pevel et celui qu’il se plait à nommer « le grand Stratéguerre » sur facebook ?
Bien sûr, ce genre d’éloge de la part de son éditeur est de loin plus agréable qu’un coup de poing dans l’œil. Mais une partie des lauriers revient à Stéphane. Pas une ligne de Haut-Royaume a été écrite par un autre que moi, mais Stéphane est intervenu très en amont dans le processus qui a abouti à HR. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup travaillé. Le projet a d’ailleurs beaucoup évolué puisqu’à l’origine, je comptais écrire des volumes courts, à raison de deux ou trois par an, qui sortiraient directement en poche. Mais Stéphane m’a convaincu d’être plus ambitieux sur presque tous les plans : il m’a obligé à me dépasser. Il y a eu des cris, des larmes, des menaces de mort et des promesses de vengeance, mais je lui en suis reconnaissant maintenant.
Je tiens aussi à souligner la participation de Silvie Philippart de Foy, dont les commentaires avisés m’ont également beaucoup aidé. Elle avait sur le texte un point de vue différent de celui de Stéphane ou du mien, et je suis convaincu que cela a profité au livre.
Votre précédente saga, Les Lames du cardinal, a été traduite dans plus de 10 langues, et il y a un jeu de rôle basé sur son univers. Avez-vous participé à sa conception ?
Les auteurs des éditions Sans-Détour m’ont parfois consulté. Mais ils ont bien assez de talent pour ne pas avoir besoin de moi pour ce qui est de la conception du jeu de rôle. Et puis chacun son métier. Être auteur de JDR n’est plus le mien depuis longtemps. Si j’ai accepté le projet de Sans-Détour, c’est parce que j’avais entièrement confiance en eux. Et je peux vous dire qu’au vu du résultat, je ne regrette pas du tout mon choix.
Parlez-nous de vous. On pourrait vous imaginer écrivant avec application sur un bureau austère, comportant d’un côté des piles de notes sur votre livre en cours, et de l’autre le crâne de Richelieu surplombé d’une bougie à moitié consumée. Vous êtes d’accord avec cette possible vision de votre environnement de travail ?
Je travaille dans un grand bureau en désordre, encombré de livres, magazines et babioles diverses. Il serait temps que j’y fasse la poussière, mais j’ai la flemme. Le crâne de Richelieu manque à ma collection. En revanche, j’ai deux belles rapières, dont une aux armes des Lames du Cardinal. Ajoutez à ça un boulet de canon en pierre, un r2d2 miniature, un hélicoptère télécommandé, un badge de la police de Gotham…
D’ailleurs, une journée-type de Pierre Pevel, cela donne quoi ?
Je me lève très tard. Vers onze heures ou midi. Je bois un thé ou un café et je me mets au travail jusqu’au soir. Ensuite, selon mon humeur, ma forme et le retard accumulé, je retourne travailler la nuit. Sinon, je regarde des films, des séries et/ou je joue à des jeux vidéo jusqu’à l’aube. Je sors très peu. Ma vie est d’une régularité et d’une monotonie confondante.