Chris Vuklisevic, coup de coeur des Imaginales 2024

« Quand on est vivant, on occupe les places que les morts ont laissées. C’est la règle. »

Quand Carmine, Felicité et Agonie nous entrainent dans cette folle sarabande morbide, on se doute que cela n’est pas pour boire un thé. Et pourtant, si !

C’est à croire que Chris Vuklisevic trouble suffisamment son jeu pour nous perdre dans ce récit aux parfums de Jasmin, de Bergamote et de feuilles bien plus mystérieuses.

« Un seul objet brille au milieu du chaos, intact ; on dirait une colombe endormie. C’est une tasse de porcelaine. »

Laissez infuser votre thé jusqu’à ce que les ténèbres vous enveloppent, au gré de l’écriture ciselée de Chris Vuklisevic et de cette nouvelle voix qui vous prend dès les premières lignes. Une voix qui gouaille, qui vous alpague,  qui vous attrape par le bras comme une fleuriste devant son étal sur le marché de Nice et qui, dans un même temps, vous invite à vous asseoir délicatement pour savourer un moment en compagnie d’une langue délicieusement étudiée.

Que ce soit pour nous parler de la fin d’un monde ou d’une époque, Chris Vuklisevic nous donne le goût de rouler les mots, comme autant de petits cailloux sous la langue. Autant de petits galets salés au sel de la Méditerranée qui nourrit l’imaginaire de cette autrice à suivre absolument.

Chris Vuklisevic est le coup de cœur des Imaginales 2024 et c’est un plaisir personnel de pouvoir entremêler le récit de cette voix méditerranéenne à celui, plus ancien, presque éternel, des livres hantant la bibliothèque des Imaginales.

Gilles Francescano,

Directeur artistique des Imaginales

« Épinal a pour moi la forme d’un chapiteau immense tapissé de miroirs. Sous ses tentures de velours, je m’installe avec d’autres pour discuter de contrées qui n’existent pas. Je sais qu’au dehors il fait beau, que la rivière s’écoule et que tout à l’heure, j’irai lire sur ses bancs un livre neuf. Que dans les allées m’attend la foule bigarrée des marchands de potions, des ouvreurs de portails, des forgerons de rêves.

Les Imaginales font partie de ces lieux où je reviens sans cesse comme on rentre chez soi. Y avoir aujourd’hui une place particulière, entrer dans son récit, me donne l’impression de retourner dans cette maison et d’apercevoir, sur l’une des étagères, entre deux livres bien plus grands que les miens, mon nom sur le dos d’un roman. Si l’on tire sur ce livre, je le sais, la bibliothèque s’ouvrira et, de l’autre côté, je retrouverai mes semblables, ma famille innombrable : celle des inventeurs d’autres temps et des visiteurs d’autres mondes. »

Chris Vuklisevic